Le cérémonial

Les confréries modernes sont les forces vives du patrimoine. La plupart d'entre elles, qui sont d'ailleurs de création relativement récente, puisent leurs valeurs dans l'Histoire.

Sociétés fraternelles et joyeuses de notre 20^ème siècle, leur fonction essentielle est de promouvoir et d'assurer la continuation des traditions culturelles et de métier.

Compagnies modernes, elles sont l'expression d'un nouvel art de vivre. Sans but lucratif elles demeurent attachées à de profondes racines et se référent à plusieurs sources : corporations, confréries, ordres bachiques et cercles gastronomiques.

Les anciennes corporations se forment dès le Moyen Âge à la faveur de l'affranchissement des villes et des nouvelles libertés civiques. Elles réunissent les membres d'une même profession, défendent leurs intérêts communs et secrets de métier, réglementent l'apprentissage, la discipline, la qualité du travail et du produit.

A cette époque, à chaque corporation est associée une confrérie jouant à la fois un rôle social et spirituel. Sa première vocation est l'entraide apportée aux confrères à une époque où l'individu ne dispose d'aucun rempart de sécurité. Elle est placée sous la protection d'un saint patron, elle possède bannière et armoiries, organise chaque année la fête du corps de métier avec service religieux et banquet.

Peu à peu le soutien matériel disparaît, pris en charge par les institutions de notre société moderne. Ces grandes familles ont cependant subsisté pour aboutir aux confréries contemporaines.

La Confrérie des Ondes s'est inspirée de ces parcelles de mémoire ancienne. Pour devenir membre de la confrérie, les candidats honorablement connus et âgés de 25 ans au moins, doivent être parrainés par deux Compagnons afin d'être présentés pour ballottage au Conseil.

Ils sont nommés lors du Ressat qui se tient généralement au château d'Oron et au cours duquel ils sont intronisés.

la présentation de l'impétrant par le Prévôt accompagnée d'une sonnerie de trompettes

Le Gouverneur procède alors à la remise du sautoir et de l'insigne. Enfin, le partage de la coupe de vin, rite sacré chez nos ancêtres, est célébré pour sceller l'engagement. Un diplôme atteste les qualités du nouveau Compagnon.

" Je promets d’être et de rester un fidèle défenseur de ma profession et de me comporter en bon et loyal Compagnon de l’Ordre de la Confrérie des Ondes "

Puis le Prévôt invite les nouveaux confrères, les Compagnons et les convives à se rendre au banquet en salle de Justice du château et à prendre place aux tables qui sont assignées où se mêleront plaisir des sens et esprit de convivialité. Le Conseil des Sages au complet est ensuite introduit en procession, Gouverneur en tête précédé du Conseiller portant la masse, symbole du pouvoir.

La décoration de la salle qui peut accueillir quelque 120 personnes est impressionnante : dans la grande cheminée la broche tourne, les tables sont fleuries et les chandelles allumées.

et se poursuit par l'énoncé des " règles de la table " dites par le Clavendier enjoignant chacun et chacune de s'abstenir de fumer jusqu'à l'allumette libératrice qui correspondra à l'heure du dessert.

Il recommande à tous de ne pas quitter sa place afin de ne pas troubler le déroulement du rituel où chaque plat ainsi que chaque vin sont présentés d'une façon originale par un membre du Conseil.

Ensuite, après une sonnerie des trompettes, le menu est annoncé solennellement par le chef des hérauts.

Confié à un restaurateur réputé, le repas est orchestré par le maître des banquets et servi par une brigade de dames en costume pour répondre à la gourmande attente des participants.

La présentation, lors des Ressats, des mets et des vins par les Conseillers en tenue, introduite par la sonnerie des trompettes des Hérauts, est une animation fort appréciée et fait partie du cérémonial du repas. Nous vous en proposons quelques textes :

Dans les temps brumeux du Moyen Âge, les abbés de Cluny envoyèrent leurs moines relever les vignes détruites par les barbares. Ils partirent dans toute l'Europe. Ce sont eux qui créèrent entre autres merveilleux vignobles, celui de St-Saphorin. Heureux moines, braves moines, gloire à eux éternellement.

A leur suite, découvrons aussi les vignobles de St-Saphorin en Dézaley. Là, murs sur murs, vignes sur vignes, se mirant dans le Léman, s'étale le plus beau pays du monde, celui qui fait déserter tant de suisses allemands.

Mais pour bien connaître un pays il ne suffit pas de l'avoir vu, il faut encore l'avoir bu. Suivez donc le vigneron à l'accent du terroir, pénétrez dans sa cave aux murs épais, et là, dans le silence, écoutez ce sage vous présenter son enfant. Mais d'abord recueillez-vous...

Puis élevez votre verre à la hauteur des yeux, contemplez le jeu des lumières dans cette robe de rubis limpide si particulière au Pinot Noir de St-Saphorin.

Approchez-le d'un nez avisé, lèvres entrouvertes, il vous livrera son parfum de petits fruits, délicieusement subtil comme un baiser de lézard.

Goûtez-le maintenant, tout en aspirant un peu d'air, il imprégnera votre palais d'un léger bouquet de cerise, mélangé au goût de fraise sauvage. Comme il est jeune, il a encore le fruité de la grappe. Laissez-le s'exprimer en vous, il vous séduira par son élégance et ses jolis tanins fondus. Votre bouche deviendra un jardin décoré de petites fleurs, douces et pures, un vrai jardin de curé.

Voilà, je m'arrête, car être long c'est une qualité pour un vin mais pas pour un orateur. Entrechoquez vos verres avec mesure et sagesse pour lui conserver son équilibre... et le vôtre. Santé et conservation.

Lors de grandes occasions, divers divertissements par des groupes folkloriques animent encore la soirée. Finalement, un bal clôt la manifestation tard dans la nuit.